22 février 2021

09 juillet 2014

La flûte enchantée au festival d'Aix-en-Provence 2014

Autant les chanteurs et l'orchestre sont excellents, autant la mise en scène est hideuse et ridicule ! Le désir d'originalité à tout prix est vraiment un péché d'orgueil face à un tel chef d'oeuvre. Papageno est en habits d'égoutier alors qu'il représente la sincerité et l'innocence, la reine de la nuit a bien du mérite de chanter si bien dans les positions ridicules qu'on lui impose et les chœurs semblent tout droit sortis d'une administration de la RDA. Regardant cette pitoyable représentation sur Arte j'ai fini par trouver la meilleure solution : garder le son et couper l'image !!

03 novembre 2011

À bientôt Jean-Jacques ?

Superbe émission de France 3 avant-hier sur Jean-Jacques Goldman, un chanteur exceptionnel et un auteur-compositeur de génie. J’ai eu la chance d’assister au concert au zenith du Mans en avril 2002 avec 2 de mes enfants (17 et 16 ans à l’époque). Malheureusement, Marie, mon épouse, était à l’hôpital, coincée sous une bulle par une méchante leucémie. Je me rappelle que le concert fut tellement extra que je l'appelais avec mon mobile pour la faire participer, à distance. Aujourd’hui, elle est guérie et, l’an prochain, j’aimerais tant que, 10 ans après ce fabuleux spectacle, je puisse aller avec elle à un concert de notre artiste préféré, si humble et si doué en même temps. Oui, reviens Jean-Jacques, tu nous manques !

17 février 2009

Ils sont l'honneur de l'Allemagne


Dans cet article publié par Ouest France le 30 janvier, j'ai choisi de parler de Sophie Scholl, une des plus grandes figures de la résistance allemande :


"La sortie sur les écrans français de Walkyrie le film de Bryan Singer sur la vaste conspiration ayant abouti à l’attentat du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler nous offre l’opportunité de célébrer la permanence de la force de la conscience individuelle mise à l’épreuve de la tyrannie d’un pouvoir barbare. Mais, plutôt que de mettre en exergue l’épopée héroïque de quelques officiers déterminés et courageux dont l’audacieux projet fut tenu en échec par ce que l’on a appelé la chance du diable, la résistance allemande, dans sa grande diversité, m’offre l’occasion de vous parler de Sophie Scholl à quelques jours du soixante sixième anniversaire de son assassinat par les nazis.


La résistance de Sophie Scholl est celle, inattendue, d’une jeune femme membre du BND, la branche féminine des jeunesses hitlériennes, qui découvre les crimes des SS grâce au témoignage de son frère Hans qui revient du front de l’Est. À l’horreur des faits, elle oppose sa détermination à informer et ouvrir les yeux de ses concitoyens. Une fois arrêtée par la Gestapo, la force tranquille qui l’anime impressionne jusqu’à l’officier qui l’interroge. L’espace d’un moment, il semble vouloir la sauver avant de l’abandonner à son sort tel un Ponce-Pilate moderne qui rend les armes face à la volonté intangible de Sophie.


La dimension christique de son sacrifice est encore plus évidente lors de son « procès » quand, tenant tête à Roland Freisler, l’implacable et sinistre président du tribunal du peuple, elle déclare que la terreur répandue par les nazis est bientôt finie et que, dans la nouvelle Allemagne libre, siégera un tribunal pour le juger lui et ses comparses. Face à l’aveuglement fanatique, Sophie représente la flamme, vacillante mais toujours lumineuse et jamais éteinte, de l’honneur de l’Allemagne, contrepoint d’une tyrannie diabolique.


« Le soleil brille encore », telles sont les dernières paroles, pleines d’espérance, de Sophie Scholl face à l’échafaud qui, en ce 22 février 1943, met un terme à la courte vie de cette jeune femme de 21 ans, forte de sa foi chrétienne et sûre d’avoir été utile à son pays. Le grand prix Nobel de littérature allemand, Thomas Mann, s’en fait l’écho dès le mois de juin 1943 au micro de la radio de Londres : « Le monde est, aujourd'hui, très profondément ému par les incidents qui se sont déroulés à l'Université de Munich […]. Courageux, magnifiques jeunes gens ! Vous ne serez pas morts en vain, vous ne serez pas oubliés. Les nazis ont élevé des monuments à de solides apaches, à de vulgaires tueurs..., la révolution allemande, la vraie, les détruira et, à leur place, elle immortalisera vos noms, vous qui saviez et qui proclamiez, alors que la nuit couvrait encore l'Allemagne et l'Europe, qu'il naît une foi nouvelle, la foi à l'honneur et à la liberté »."

17 septembre 2008

Lettres d'Iwo Jima




Au cours de ces dernières années, je suis allé une dizaine de fois au Japon. J'ai toujours été frappé par le paradoxe de l'esprit de paix qui souffle dans ce pays alors qu'il fut responsable de tant de malheurs et de violences il y a 65 ans. Comment imaginer que mes amis de Tokyo, mes chers amis de Gifu puissent être les descendants d'une génération qui fut responsable des massacres de Nankin ?

La réponse est contenue dans une petite île de quelques kilomètres de long du nom d'Iwo Jima. Près de 20.000 soldats japonais y perdirent la vie ainsi que 7.000 américains. Mais confronté à la brutalité des chiffres, on ne saisit pas encore le secret qui fait d'Iwo Jima le coeur de cette énigme qu'est la folie meurtrière des hommes lancés dans la guerre totale. Le secret nous est révèlé par Clint Eastwood dans "Lettres d'Iwo Jima", film qui est sans doute le chef d'oeuvre le plus accompli de sa carrière cinématographique.

En fait, le réalisateur nous raconte à quel point tous ces soldats et leurs officiers ne pensaient qu'à la paix et étaient pétrifiés de peur à l'idée de mourir. Cela ne remet pas en cause leur patriotisme. Il se battent, pensent-ils, pour leur pays et pour l'Empereur et s'il faut mourir, il affronteront leur destin avec courage. Mais la peur est là, atténuée par un général profondément humain dont les élans sont dignes d'une tragédie grecque. Les personnages, comme les soldats de l'époque, sont jeunes, presque des enfants. Ils pensent à leur famille, à leur métier, à leurs amis qui, parfois, ironie du sort, sont américains.

La véritable tragédie du peuple japonais a été à l'époque de prendre pour argent comptant la propagande expansioniste de Tojo et de ne pas écouter les sages propos de l'Amiral Yamamoto avant Pearl Harbor : "la seule bataille digne d'être gagnée est celle que l'on n'a pas besoin de mener". Gagner la paix, tel était l'idéal des soldats, américains et japonais, d'Iwo Jima. Clint Eastwood nous montre à quel point cet idéal fut perverti. Le Japon historique nous montre que l'obéissance aveugle peut transformer l'ange en démon. Le démon était bien présent dans toute sa violence à Iwo Jima mais les Lettres que nous lit avec talent Clint Eastwood nous montrent qu'au coeur de cet enfer les hommes restent animés par le désir d'un monde meilleur. C'est un beau message pour notre monde et une parabole pour les générations futures : "aucune guerre ne mérite d'être gagnée ; notre impératif est, jour après jour, de gagner la paix". Merci Clint pour cette leçon d'humanité et merci à nos amis japonais d'être, avec lui, revenu sans complaisance sur ce moment tragique de leur Histoire pour mieux ancrer dans le coeur de leurs compatriotes ce qui fait aujourd'hui du Japon un pays fascinant et paisible !

13 juin 2008

Oui nous le pouvons !

Au moment où démarre une des campagnes présidentielles les plus importantes de l'Histoire des États-Unis, Ouest France, dans son édition du 30 mai dernier, a publié cet article sous ma signature : "Participant il y a quelques temps à un colloque organisé par la Fondation Franco-américaine sur la modernité transatlantique, j’ai eu une conversation avec le grand historien, spécialiste de l’Amérique du Nord, André Kaspi. Il me disait en substance : « Il est indispensable que les Français comprennent mieux ce vaste pays, qui n'a rien d'homogène et qui n'en est que plus passionnant ». La fin de la campagne primaire démocrate nous fournit l’occasion d’aller dans ce sens et montrer ainsi à nos compatriotes la modernité de la démocratie américaine. En juillet 2004, à l’occasion de la convention démocrate de Boston ayant abouti à l’investiture de John Kerry, il fut demandé à Barack Obama, un jeune politicien totalement inconnu à l’époque, de prononcer le « junior speech », discours par lequel il se fit remarquer en faisant l’éloge du rêve américain.

Alors que chez nous les deux candidats du second tour de la dernière élection présidentielle cumulaient, à eux deux, un demi siècle d’expérience politique, personne n’imaginait, en juillet 2004 aux Etats-Unis, le phénomène qu’allait incarner Barack Obama, simple élu au Sénat de l’état de l’Illinois (il ne fut élu au Sénat des Etats-Unis qu’en novembre 2004). Dans le camp démocrate, tout le monde imaginait, et dans le camp républicain tout le monde espérait, que 2008 verrait le retour des Clinton. Il est vrai qu’Hillary Clinton est l’incarnation du courage en politique qualité érigée comme indispensable par John Kennedy dans son remarquable ouvrage « Le Courage dans la Politique » (Prix Pulitzer 1957). Additionnés à son indéniable expérience, ce courage et cette ténacité remarquables, qui lui ont valu de partager avec son époux le surnom de « come-back Clinton », ne pouvaient pas lui faire manquer l’investiture démocrate. Mais c’est bien là que les Etats-Unis nous montrent la modernité de leur système politique en ce qu’il est le plus performant du monde pour faire émerger un leadership complètement neuf.

Le charisme incroyable de Barack Obama, son respect pour l’adversaire politique, son sens de l’intérêt général à contretemps des opinions du moment, correspondent à ce dont ce pays a profondément besoin à un moment où il fait face à des enjeux critiques pour l’Histoire de notre monde. Alors, pour reprendre les propos inspirés d’André Kaspi et plutôt que de voir les faiblesses de ce pays, réelles elles-aussi, considérons la campagne présidentielle qui démarre comme le témoignage des évolutions positives que le monde politique français pourrait intégrer. Sans vouloir aucunement se placer en donneur de leçons et sans désespérer de notre propre avenir reprenons pour nous français le slogan universel de Barack Obama : « Yes, we can ! »."

18 mai 2007

N'oublions pas la Louisiane !

Posted by Picasa Habitation détruite et non reconstruite
Voici l'article que Ouest France a publié sous ma signature le 22 mars dernier et qui doit nous inciter à ne pas oublier les ravages durables provoqués par Katrina :
"Le mardi 25 juillet 2000, en milieu de matinée et alors que je participais à un salon informatique à La Nouvelle Orléans, un appel téléphonique de mon épouse m’apprenait que le Concorde venait de s’écraser en faisant 109 morts. Ce drame fut largement commenté par la presse louisianaise qui, avec des mots simples et sincères, témoignait ainsi de l’amitié du plus francophone des états américains pour notre pays.

En ce mercredi 7 mars 2007, j’arrive à La Nouvelle Orléans pour participer à un colloque franco-américain sur la « Reconstruction et la revitalisation des Villes après une catastrophe ». Le taxi qui me conduit de l’aéroport Louis Armstrong jusque vers le « vieux carré » traverse rapidement les banlieues pour atteindre un centre historique laissé intact par le cyclone « Katrina ». Et je me dis que, peut-être, cette belle ville va se relever, plus vite que prévu, de la plus terrible des catastrophes naturelles de l’histoire des Etats-Unis.

C’est peu de dire que ma surprise et mon effroi sont complets quand, le lendemain, je parcours les rues dévastées de Lakeview et du quartier pauvre de La Nouvelle Orléans. Dix-huit mois après une catastrophe qui fit officiellement 1.500 morts (sans compter les milliers de disparus), je vois, de mes propres yeux, une ville encore à 80% détruite. Peut-on écouter, sans en avoir les larmes aux yeux, notre compatriote Isabelle Maret, professeur à l’Université de la Nouvelle-Orléans, nous expliquer, devant sa maison dévastée, qu’elle a tout perdu le 29 Août 2005 hormis la vie ?

Le Président Bush vient de déclarer : « Le sort des louisianais est au cœur des préoccupations du Gouvernement Fédéral ». La vérité oblige à dire que la reconstruction est encore balbutiante et qu’il faudra, selon les spécialistes, entre 10 et 30 ans pour que la ville puisse être reconstruite et encore pas totalement. La vérité oblige à dire qu’en 2006 il y a eu 161 meurtres et que la criminalité qui avait baissé avant « Katrina » est remontée depuis à un taux sept fois supérieur à la moyenne nationale faisant de La Nouvelle Orléans la ville la plus dangereuse des Etats-Unis. La vérité oblige à dire que des reconstructions, autant dérisoires que pathétiques, sont engagées de façon anarchique par ceux qui veulent habiter de nouveau dans leur ancien quartier envers et contre tout et surtout parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Ce faisant, les entreprises du bâtiment utilisent pour la reconstruction du bois de cyprès venu du Bayou là où il assurait une protection naturelle contre les inondations…

La directrice du développement de la Ville de La Nouvelle Orléans, Donna Addkison, à qui je demandais que faire pour aider cette communauté si proche de nous me disait : « Ce qu’il faut faire en premier, c’est prier… Mais après, il faut faire pression ; pression sur les entreprises pour qu’elles reviennent travailler en Louisiane, pression sur les gouvernements pour qu’ils n’arrêtent pas de mettre la Louisiane à l’agenda de leurs discussions avec le Gouvernement des Etats-Unis, pression sur les compagnies aériennes internationales pour qu’elles rétablissent les liaisons directes et surtout ne pas arrêter de venir nous rendre visite ».

Après notre colloque, remarquablement organisé par le Consulat de France à la Nouvelle Orléans, l’émotion des élus français présents est à la mesure de la tâche que se sont fixée nos amis louisianais laquelle nous parait impossible. Mais n’est-ce pas le grand écrivain américain Mark Twain qui a écrit : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, ils l’ont fait ! » ? Alors oui, vraiment, n’oublions pas la Louisiane…"